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Cent vingt ans d’Année épigraphique

Ce texte reprend pour l’essentiel les termes de la présentation réalisée par Mireille Corbier pour le Congrès international d’épigraphie grecque et latine de Rome (voir Mireille Corbier, “L’Année épigraphique : bilan et perspectives”, dans XI Congresso Internazionale di Epigrafia Greca e Latina / XI International Congress of Greek and Latin Epigraphy, Roma, 18-24 settembre 1997 / Rome, 18-24 September 1997/, Preatti / Preliminary Publication, Rome, 1997, Edizioni Quasar, XI Sezione / XI Section, p. 909-915).

 

1. Essai de bilan

La responsabilité scientifique

En 1888, René Cagnat, titulaire de la chaire d’« épigraphie et antiquités romaines » du Collège de France depuis 1887, annonçait dans la Revue archéologique la création de L’Année épigraphique  : cette « revue des publications épigraphiques relatives à l’Antiquité romaine », liée à la Revue archéologique jusqu’à AE 1964, est devenue une publication autonome avec AE 1965.

Directions et rédactions successives (les dates indiquées sont celles des millésimes de l’AE) :

1888-1935 René Cagnat, d’abord seul, puis avec Maurice Besnier jusqu’en 1932, enfin avec Alfred Merlin.
1936-1964 Alfred Merlin, avec Jean Gagé certaines années.
1965 Jean Gagé et Marcel Le Glay.
1966-1973 Jean Gagé, Marcel Le Glay, Hans-Georg Pflaum et Pierre Wuilleumier.
1974 -1978 André Chastagnol, Jean Gagé, Marcel Le Glay et H.-G. Pflaum.
1979-1980 André Chastagnol, Jean Gagé, Marcel Le Glay.
1981-1986 André Chastagnol, Marcel Le Glay, Patrick Le Roux.
1987-1990 André Chastagnol, André Laronde, Marcel Le Glay, Patrick Le Roux.
1991- Nouvelle équipe de rédaction, sous la direction de Mireille Corbier, avec Patrick Le Roux et Sylvie Dardaine comme secrétaires de la rédaction.

La responsabilité éditoriale

Depuis 1884, la maison Ernest Leroux, éditeur, a eu la propriété de la Revue archéologique. Les Presses Universitaires de France (P.U.F.), créées en 1921, s’associent en 1934 à trois autres maisons d’édition, Alcan, Rieder et Leroux, pour en fonder une nouvelle, d’où le quadrige des P.U.F., emblème de la société. Les Presses Universitaires de France sont devenues à la fois les éditeurs de la Revue archéologique et de son supplément annuel, L’Année épigraphique. Depuis le fascicule AE 1965, L’Année épigraphique est devenue une publication autonome des P.U.F.

L’internationalisation de l’entreprise
L’internationalisation de la rédaction, amorcée par Marcel Le Glay, a été très fortement élargie lors de la mise en place de la nouvelle rédaction par Mireille Corbier en février 1992 : aux côtés des rédacteurs et des collaborateurs, nombreux sont les épigraphistes de tous pays qui y coopèrent de manière informelle.

La place de L’Année épigraphique dans le dispositif international
L’Année épigraphique a une place originale dans le dispositif scientifique, à côté d’autres entreprises parallèles.
L’Année épigraphique reproduit, en l’accompagnant d’une description du monument (ou de l’objet) inscrit et d’un commentaire, le texte des inscriptions latines et grecques concernant le monde romain publiées, corrigées ou commentées dans une grande variété d’ouvrages et de périodiques d’accès plus ou moins aisé. Elle recense en outre les principaux travaux fondés sur une documentation épigraphique. Des indices aussi complets que possible, répartis en quatorze rubriques elles-mêmes hiérarchisées, en font un instrument de travail particulièrement adapté à la recherche. Les Tables vicennales 1961-1980 ont étérédigées par Jean-Marie Lassère et publiées par les PUF en 1992.
Le Supplementum Epigraphicum Graecum, né en 1923, qui est publié aux Pays-Bas, en langue anglaise, par la maison d’édition Gieben, et maintenant chez Brill, avec le soutien de la Faculté des Lettres de Leyde et de l’Union Académique Internationale, fait connaître les inscriptions grecques concernant le monde antique sur la longue durée en accompagnant leur reproduction ligne à ligne d’un commentaire. Chaque volume est complété par de copieux indices.
Les épigraphistes hellénistes de langue française publient dans la Revue des études Grecques le Bulletin épigraphique auquel s’attachent les noms de Jeanne et Louis Robert depuis 1938 : il s’agit d’un bulletin critique annuel — rédigé par une large équipe, sous la direction de Philippe Gauthier, puis de Laurent Dubois et maintenant de Denis Rousset —, qui suggère des corrections et des interprétations. La publication annuelle n’est pas assortie d’un index ; de précieux volumes d’indices des Bulletins rédigés par Jeanne et Louis Robert ont été compilés et publiés en volumes. Un index des années 1987-2001 a été publié en trois volumes en 2005.


2. Un travail de recherche et un instrument pour la recherche

Les finalités de l’entreprise, les modes de travail de ses rédacteurs et la forme prise par la publication ont changé depuis la création, il y a plus d’un siècle.

Un travail en évolution permanente

Alors que René Cagnat se proposait seulement de faire connaître les inscriptions importantes, en signalant leur publication sans en reproduire systématiquement le texte, les objectifs ont été progressivement élargis.
En 1966, l’AE a connu une quadruple transformation (selon l’avant-propos des rédacteurs) :

- « elle a multiplié les textes, en faisant une plus large part aux inscriptions grecques relatives à l’organisation générale de l’Empire romain, mais sans retenir celles qui concernent la vie municipale ou privée » ;

- « elle a développé le commentaire, en ajoutant éventuellement des suggestions aux conclusions des éditeurs » ;

- « au lieu de suivre l’ordre alphabétique des revues modernes, elle s’est conformée au cadre administratif des provinces antiques » ;

- elle a modifié ses normes de présentation en publiant les textes en continu, en minuscules et en italiques au lieu de les publier ligne à ligne en majuscules.


Une activité de service et de recherche

L’Année épigraphique est une publication annuelle qui met à la disposition du milieu scientifique une information critique sur les publications épigraphiques relatives à l’Antiquité romaine parues au cours de l’année concernée par les dépouillements.
Le produit final est un instrument de travail mis à la disposition de la communauté internationale (les deux tiers des abonnements sont souscrits hors de France, principalement par des bibliothèques et des institutions de recherche).
Mais sa rédaction est un travail de recherche original, dans lequel les rédacteurs, qui ont été recrutés pour leurs compétences et pour la complémentarité de leurs spécialisations, investissent un savoir accumulé en épigraphie. L’usage de développer les inscriptions latines et grecques à partir des abréviations gravées sur la pierre impose des prises de position variées. L’étape de la confection de l’index par les rédacteurs exige elle aussi de leur part des prises de position scientifiques.


3. Les évolutions récentes

L’informatisation
La préparation de l’ensemble du manuscrit est entièrement réalisée avec des méthodes informatisées.

L’élargissement de l’équipe de rédaction
Après le retrait de Marcel Le Glay et André Chastagnol pour raisons de santé, Mireille Corbier a constitué, avec les anciens rédacteurs Patrick Le Roux et André Laronde, une nouvelle équipe de rédaction, en accord avec les Presses Universitaires de France qui lui ont transféré en février 1992 les responsabilités assumées jusqu’alors par Marcel Le Glay, en lui confiant en outre officiellement la direction de la publication.
Cet élargissement visait à produire un instrument de travail plus complet, grâce à des dépouillements plus systématiques pour mieux couvrir l’ensemble du monde romain et l’ensemble des langues modernes dans lesquelles est publiée l’information scientifique. Une ouverture plus grande de la publication vers la partie hellénophone de l’Empire a été marquée par l’entrée dans la rédaction d’épigraphistes « grecs », historiens et philologues. L’épigraphie chrétienne est désormais prise pleinement en considération. Les écrits de la vie quotidienne ne sont plus exclus des dépouillements.


4. Les perspectives

La continuité de la publication annuelle de l’instrument de travail est assurée à la fois par le nombre et la compétence des épigraphistes de tous pays qui contribuent à sa rédaction et par le ferme soutien de la maison d’édition, propriétaire du titre, responsable de la publication. Insérée dans la recherche internationale, L’Année épigraphique, publication centenaire en langue française, bénéficie de nombreux concours.